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REGISTRES D
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perte de gens tout le conté de Boullenois et con­trainct le Roy d'Angleterre luy rendre la ville de Boullongne à composition; et par ce moyen avoit aussi acquis le Royaulme d'Escosse, qui estoit si propre unyon au Boyaulme de France, comme chas­cun de bon entendement povoit juger, et comme le temps le feroit congnoistre;
Avecques toutes ces choses led. seigneurRoy, prince libéral et magnanime, auroit par sa liberalité acquis et atire à son service le cueur de plusieurs princes et grans seigneurs; que de present, il a de grandes enlreprinseset secrettes,qui ne sont à manifester, qui concernent entierement le bien et seureté cie son peuple; lesquelles il luy seroit impossible exploicter sans argent et sans le secours de ses bons et loyaulx subgectz, entre lesquelz il a tousjours estimé les ha­bitans de Paris les principaulx, comme estans le cueur de son royaulme; ausquelz il voulloit avant tous autres s'adresser, pour estre secouru et ayde, affin de n'avoir occasion de mectre creuë de tailles, imposi­tions nouvelles, créations de nouveaulx offices, lever soubstes f4' extraordinaires, comme aucunesfoys la neccessité de la guerre contrainct les princes a ce faire ;
Mais voullant monstrer le desir qu'il a de bien et favorablement traicter ses subgectz et les soullager, les prioit de le secourir jusques à la somme de trois cens mil escuz, ou plus grande somme, si faire se povoit, en constituant par luy vingt cinq mil escuz d'or de rente, sur telles ses gabelles et aydes, ou autres biens patrimoniaulx qui seroit advisé; et quc pour ce faire il feroit mectre entre les mains desd. Prevost des Marchans et Eschevins l'estat au vray de la généralité d'oultre Seyne et Yonne, ct feroit telz et si surs contractz que l'on verroit estre à faire.
A quoy luy a esté faict responce par mond. sr le Prevost des Marchans que les habitans de Paris n'estoient moings en bonne volunté de secourir le Roy et y employer leurs biens et personnes qu'ilz avoient esté par cydevant, mais que la somme de 11e xl° livres tournois qui avoit cy devant esté pro­mise au Roy n'estoit encores du tout fournye, et
en sond, logis, à huit heures du malin. Ce qu'ilz ont faict. Ausquelz mond. sr le cardinal, acompaigné de monsr l'evesque de Soissons 'l' et de monsr Du Mor­tier, Conseiller du Roy en son Privé Conseil, et de monsr de Seaulx''2', Maistre des Requestes et Presi­dent de Brelaigne, en la presence dc mess" Nicolay, chevalier '3>, premier, et Baillif, President en la Chambre des Comptes, et du sr de Bandeville, a faict entendre qu'il estoit exprez venu en ceste ville de Paris, par le commandement du Roy, pour, en la presence des dessus nommez, les remercier, au nom dud. seigneur Roy, du bon, loyal et prompt devoir qu'ilz avoient faict pour le recouvrement des 11e xl" livres tournois, qu'ilz avoient depuis nagueres accordée aud. seigneur et faict fournir ès mains du Tresorier de son Espargné, et qu'il avoit charge expresse de leur faire entendre comme le Roy estoit pour entrer à la guerre, et qu'il y en avoit ja des commencemens;
Que tout le desir qu'il avoit estoit dc maintenir son peuple en bonne paix, par le moyen de laquelle il peust seurement vivre de son bien et librement excercer le faict et traffiq de marchandise; que la guerre estoit cause de engendrer la paix ; que depuis l'advenement du Roy à la Couronne, il avoit eu de grandes charges à supporter et avoit faict de grandz fraiz et despence pour tenir ses places de frontière en bonne seureté, à quoy il avoit despendu par cha­cun an plus de ixc m. livres tournois; avoit faict fondre plus de douze cens grosses pieces d'artillerye, qu'il avoit faict mectre èsd. places de frontière; qui estoient de present tant bien munyes de gens et de toutes autres choses neccessaires que ses voisins, en estans adverliz, se garderoient bien de les venir in-vahir pour les surprendre;
Aussi que, depuis sondict advenement et jusques àlacompositionet rédition de la ville de Boulongne,il avoit tousjours eu camp et armée, tant en Boulle­noys comme en Escosse, pour affoiblir le Roy d'An­gleterre et ses alliez, lors ennemys de la Couronne de France, et avoit tant exploicté que, par force d'armes, il avoit reconquis en peu de jours et sans
C Mathieu de Longuejoue, qui' avait été Maître des Requêtes de l'Hôtel (voy. ci-dessus, p. 232, note 2), évêque de Soissons du 6 février i534 au 6 septembre 1557. (GaU. Christ., t. IX, col. 377.)
(2)   René Baillet, fils de Thibaut, seigneur de Sceaux, second Président au Parlement de Paris, conseiller lui-même en cette cour par lettres du 11 décembre 1537, M-itre des Requêtes de l'Hôtel, le 4 septembre i55o,et en même temps premier Président du Parle­ment de Bretagne, et enfin Président à mortier au Parlement de Paris, en i554. Il mourutà Paris, l'an 1579, -- m- enterré dans la chapelle desa famille, à Saint-Merry. (Blanchard, les Présidents àmorlier, in-fol. 1647,p. 2i5.)
(3)   Aimar Nicolaï avait succédé, en i5i8, à son père Jean Nicolaï, dans la charge de premier Président de la Chambre des Comptes, qu'il transmit à son tour, l'an 1555, à son fils Antoine, seigneur de Goussainville.
(*' Sic, sans doute subsides.